BOUCHAUDY Simon
ENSCI – les Ateliers
PARIS
2023
Abstract
Comment cohabiter avec les énergies renouvelables ? Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, on ne pourra pas se passer des énergies renouvelables. Pourtant, localement, des voix s’élèvent contre leur implantation. Ce documentaire montre comment les métiers de la création peuvent aider à construire des « communs positifs », avec les ressources locales et les citoyen·e·s. Entre reportages de terrain et interviews, le film se déploie en trois parties : acceptation par le territoire, appropriation citoyenne et démocratisation des savoir-faire.
Motivation et démarche
Il faudra faire avec les énergies renouvelables. Dans tous les scénarios de l’ADEME, de Négawatt ou de RTE pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les énergies renouvelables (EnR) progressent. Celles-ci sont présentées d’un point de vue technique, technologique et d’efficacité (grammes d’équivalent CO2 par kWh) comme moyen de décarboner notre mix énergétique. Or, malgré le consensus scientifique autour de ces leviers de décarbonation, on observe que la population est de plus en plus divisée sur ces sujets, et certaines formes de production comme la méthanisation ou l’éolien cristallisent les craintes, suscitent de nombreuses critiques, voire entraînent des manifestations. La réalité du terrain est-elle si éloignée de celle des ingénieurs ?
Je voulais découvrir ce qui a changé en un siècle dans notre rapport à la production d’énergie renouvelable et locale. Je voulais observer les leviers permettant de réussir une transition énergétique juste socialement, de reconnecter la production d’énergie au territoire, c’est-à-dire à son paysage et à sa population.
Ce mémoire porte globalement sur notre rapport aux énergies renouvelables. Je souhaitais observer et analyser le rôle social que peuvent avoir les infrastructures de production d’énergie renouvelable, découvrir les leviers permettant à la population locale d’adhérer à un projet, d’en récolter les fruits voire de se l’approprier. Il est question de pédagogie mais aussi de modes d’organisation citoyens ainsi que d’un besoin de simplicité dans ces technologies. Pour des raisons de souveraineté, de durabilité, de réparabilité, de réversibilité et d’inclusion de la population, il me semblait pertinent de s’intéresser aux low-tech. Celles-ci sont encore très minoritaires mais des projets à échelle moyenne émergent. L’intégration dans le paysage est également un sujet clivant et un enjeu majeur. J’ai envie de découvrir et mettre en lumière des savoir-faire, et voir s’ils sont éventuellement réplicables dans des environnements similaires.
J’ai commencé par faire des recherches fondamentales, principalement sur Internet. Qu’est-ce que c’était pour moi une énergie renouvelable ? Alors que le Parlement Européen l’a classé (avec le gaz) dans les énergies de transition, le nucléaire n’en fais pas partie ! La liste est plus longue que je ne le pensais, j’ai découvert certaines familles comme les énergies marines. Petit à petit, j’ai essayé de rassembler et d’organiser toute ma matière sur un tableau Miro. J’ai fait des liens, classé en sous-thèmes. C’était à la fois ma base de travail et une ressource complémentaire avec le film. J’ai lu de très nombreux articles mais aussi beaucoup de documentation technique, de législation, peu de ressenti, de sensible… Face à cette frustration, ce manque que je percevais, j’ai eu envie de recueillir l’avis du « grand public ». Ou du moins des avis en dehors de mon cercle social, des avis de gens qui ne connaissent pas particulièrement ces sujets. J’ai élaboré un questionnaire papier, parfois ouvert avec la possibilité de répondre en dessin, parfois très directif avec des curseurs à placer sur une échelle. Je souhaitais avoir un éventail de réponses le plus large possible. Après avoir testé les deux premières versions avec mes amis, et puisque j’avais plusieurs trajets en train de prévu en octobre et novembre 2022, j’ai choisi de réaliser mon enquête dans le train. Riche de cette première expérience humaine, j’ai décidé de faire mon mémoire sous forme d’un documentaire vidéo. L’idée me trottait dans la tête depuis un moment, j’avais déjà réalisé des vidéos par le passé mais jamais de projet aussi ambitieux. Je voulais montrer la réalité humaine derrière ce sujet complexe, incarner les projets, les rendre vivants. Mettre au second plan la technique et les infrastructures, les présenter comme des moyens.
J’avais envie d’enquêter sur les modèles existants, sur les ressentis des personnes vivant à proximité de territoires modifiés par de nouvelles infrastructures EnR, d’aller dans des territoires innovants sur ces questions. Mon objectif était d’introduire le contexte de manière didactique, en gardant un maximum d’objectivité, puis de découvrir ces territoires à travers des histoires, des portraits, des rencontres. On plonge dans des territoires ruraux modifiés par l’arrivée de nouveaux moyens de production d’EnR. On y découvre plusieurs regards, plusieurs approches, des alternatives et leurs moyens d’existence. En parallèle de ces études de terrain, j’avais à coeur de mettre en avant le travail et les réflexions de professionnels de la création qui travaillent sur ces sujets. Conscient que le design à lui seul ne pourrait répondre à tous les enjeux précédemment cités, je suis allé à la rencontre de paysagistes, d’une dessinatrice, d’architectes mais aussi de politiques, de bénévoles. J’ai voulu rassembler, parfois mettre en contradiction, des témoignages variés sur des territoires communs. Il me tenait à coeur d’explorer des terrains d’enquêtes concrets pour en comprendre les subtilités et capter la sensibilité vis-à-vis des EnR . Des territoires qui peuvent paraître exceptionnels mais dont la plupart des problématiques ou solutions sont réplicables ailleurs en France. Je voulais absolument aller à la rencontre des acteurs et actrices de projets locaux, m’immerger dans minimum 3 territoires aux contextes différents : le Perchay, Redon et Saint-Denis sur Coise.
Lien du documentaire vidéo en page 3
