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Life’s Good. Design : une approche spécifique est-elle nécessaire pour le domaine de l’humanitaire ?

VERMEULIN Chloé
ENSCI Les Ateliers
Paris
sous la direction de Miguel Mazeri
2018

Abstract

Pendant très longtemps, le bidonville et le camp ont fait partie d’un « impensé » global. Ce phénomène s’est développé et était considéré comme une espèce de mal nécessaire, qu’il convenait de résorber. Ce n’est que relativement récemment qu’on a pris conscience que ces situations étaient là pour durer. Or, jusqu’ici, personne ne pensait à la manière dont ces gens vivraient ensemble. Ce mémoire tente, à travers une étude de terrain dans le camp de migrants de la Chapelle, de mieux cerner la problématique de l’accueil des personnes migrantes, les réponses apportées par les pouvoirs publics et d’identifier les axes de réflexions qui sous-tendent l’hébergement d’urgence et l’habitat précaire. Cette étude, in fine, lance une réflexion sur les spécificités de ce champ d’activité et la façon dont un designer peut y intervenir avec efficacité et légitimité en l’abordant par le biais de la psychologie environnementale.

Méthodologie

Depuis plusieurs années, je voyage seule pour mener des projets personnels de recherche que j’aborde via des études en immersion. Ceci m’a permis de m’approprier les méthodes de travail fondées sur l’enquête de terrain et l’observation participante. À travers ces recherches, j’ai pu découvrir des réalités sociales très différentes via des rencontres de personnes issues de niveaux et de milieux de vie divers, à la culture et aux pratiques très variées : du pécheur birman à la classe aisée iranienne, du boxeur thaïlandais au moine tibétain réfugié au Népal… Au cours de mes voyages j’ai pu, de manière ponctuelle, me rendre dans des bidonvilles (Mokens au Myanmar, bidonvilles en Érythrée), des quartiers précaires (quartier de tibétains réfugiés au Népal) et des camps de réfugiés (camp de réfugiés Afghans en voie de pérennisation dans le Baluchistan iranien, camp de réfugiés syriens au Liban). Ces diverses expériences m’ont amenée à me questionner sur les problématiques de logements précaires, de gestion de la pauvreté et des flux migratoires, sur la notion d’hospitalité… Si pendant ces voyages, j’ai pu toucher du doigt ces problématiques, j’ai souhaité, pour mon mémoire, mener une véritable étude de terrain sur les camps de migrants afin d’en comprendre toute la complexité et de voir quel rôle peut y jouer le designer. Pour réaliser ce mémoire j’ai mené une enquête de terrain de cinq mois, à raison d’une cinquantaine d’heures par semaine, de jour comme de nuit, dans le Centre de Primo- Arrivants (CPA) de la Porte de la Chapelle à Paris et sur le campement informel qui s’est établi à proximité. Mes recherches prennent la forme d’une chronique journalière qui présente la vie quotidienne des migrants ainsi que les péripéties qui parsèment leur quotidien. Elle est illustrée de croquis de recherche dessinés sur place et de photographies. Cette chronique vise à identifier et à donner à comprendre des problématiques sociétales propres aux camps de migrants. Les notions et problématiques dégagées au fur et à mesure de mes recherches sont éclairées par des encarts analytiques : un vocabulaire formel de l’urgence, la notion d’espace sécuritaire, etc…