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Ce qu’il reste des arbres

EUGENIE Juliette
ENSCI – Les Ateliers
PARIS
2024

Abstract
Les tracteurs sont arrivés et ma famille est partie en ville pour faire facteur. Les autres sont restés dans la région, ils ont continué la polyculture dans de petites fermes. Quand je les rencontre pour la première fois, je comprends qu’ils sont chacun des milliers d’ouvrages réunis dans une parole, des initiés qui n’ont pas écrit leur science technique et sociale, celle qu’on a oublié et qui s’effacera avec eux. Ce récit est une enquête sur l’évolution des pratiques arboricoles du Boischaut Sud, à travers l’exploration de mes propres racines, et des rencontres qui s’en sont suivies.

Motivation et démarche

Avant d’intégrer l’ENSCI, j’ai réalisé un apprentissage en ébénisterie. Des années plus tard, une rencontre avec un sculpteur m’interroge sur ma relation avec le non-humain : je réalise que j’ai beau avoir des connaissances sur le matériaux bois, je l’ai toujours détaché de sa forme vivante qui est l’arbre. Par exemple, je sais reconnaitre le dessin de nombreuses essences de bois mais en forêt, je ne sais pas vraiment identifier des arbres. Je me demande alors : qu’est-ce qu’un arbre quand il n’est pas réduit au bois d’oeuvre ? Pour répondre à cette question, je pars à la rencontre de ma famille lointaine, les frères et soeurs de mes grands parents. Ils ont. pratiqué la polyculture dans le Boischaut-Sud en Indre, un territoire rural qui a su préserver son maillage bocager. Je présume qu’ils ont développé un rapport plus sensible aux arbres par leur métier et leur situation géographique.