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Désordres Urbains

FOURNIER Gaëlle
2020
Cité scolaire Raymond Loewy
La Souterraine
Sous la direction de Lucille Thiery et Sophie Clément

Abstract
La ville devrait être un système complexe, conséquence d’une construction collective par une société hétérogène. Cependant, elle témoigne aujourd’hui des conséquences de directives globales, qui s’y instaurent et qui effacent petit à petit les habitudes et les singularités culturelles qui s’y ancrent. Ces axes de développement urbain, devenant universels, posent problème quant à la place des habitants et leur prise en compte. Et si le designer d’espace avait un rôle à jouer dans la préservation des singularités des habitants et de leurs manières d’habiter la ville ? Cet ouvrage tente de questionner, sous le prisme du design d’espace, les outils de résistance indispensables pour construire des quartiers qui témoignent des rencontres, des évènements, des habitudes et qui reflètent la présence des gens qui y habitent. À quoi ressemblerait alors la ville, si le designer d’espace proposait des actions qui rompent l’ordre établi et qui permettent aux habitants de se réapproprier leurs espaces de vie ? Quel serait le degré de désordre nécessaire pour résister face à un territoire de moins en moins habitable ? Le désordre serait-il un moyen de faire du lien au cœur d’un territoire trop organisé ?

Méthodologie
J’habite à Armentières depuis que je suis petite. J’y ai donc suivi une partie de son évolution. Un quartier en particulier m’a profondément marqué et m’a questionné : pourquoi le quartier de Saint‑Roch à Armentières semble-il inhabité ? On peut remarquer aux voitures garées, aux fenêtres ouvertes et aux odeurs alimentaires que ce n’est pas le cas. Mais alors comment un espace urbain habité peut-il sembler désert ? J’ai alors questionné la notion d’habiter et celle d’appartenance à un territoire en travaillant spécifiquement sur ce quartier. J’ai choisi de travailler en hyper local, car il me semble important de replacer le design dans une discipline qui doit être de proximité, à l’écoute et au plus proche des usagers pour lesquels et avec lesquels ils travaille. Après consultation d’Armentiérois et de designers ayant travaillé sur place, croisées avec des lectures théoriques sur l’espace urbain, l’habiter et le désordre, j’en suis arrivé à la conclusion que le manque de dynamisme ponctuel, dans certains quartiers d’une ville, est finalement du au manque d’espace de rencontres, ou « point de coïncidences ». Sans espace de rencontres, il est difficile de créer un réel lien avec le territoire que l’on habite et son entourage, finalement il est difficile de s’approprier son territoire. En parallèle de la recherche théorique, j’ai testé des interventions et installations dans la ville, dans le but de créer du désordre poétique, sauvage, amusant… En effet, le désordre est rapidement apparu comme solution pour bouleverser les habitudes, les perceptions d’un territoire et ses usages et réveiller des quartier endormis en proposant des choses dynamiques, atypiques mais adaptées aux envies et besoins des habitants. Finalement, prôner le désordre c’est aussi résister face au destin systémique de quartiers laissés à l’abandon à cause d’un développement urbain pensé sans les habitants. Le désordre, c’est mettre l’humain – et ses imperfections- au centre, pour un territoire habité de manière authentique, singulière et vivante.