ANÈSE Clara
2018
Cité scolaire Raymond Loewy
La Souterraine
Abstract
L’adolescence est une période tortueuse de la vie où tout semble complexe. Les conflits sont multiples et omniprésents, avec la société, la famille, les amis et surtout avec soi-même. Cependant, la nouvelle génération d’adolescents subit une crise identitaire plus puissante que jamais. En effet, elle est assujettie à une surabondance de messages textuels et visuels qu’on lui adresse ou qu’elle génère en permanence. Sa perception du monde est ainsi biaisée par l’émergence des nouvelles technologies sociales. De ce fait, l’indifférence des lycéens face aux arts du spectacle, comme le théâtre, ne cesse de s’accroître. Pourtant, le théâtre de marionnettes, genre spécifique, plus accessible que le théâtre, dit par la marionnette ce que l’être humain ne dit pas ou n’arrive pas à dire. La marionnette est donc ce qu’on peut nommer un « corps idée ». À un âge où l’on est en guerre contre le monde entier, la marionnette est le médium idéal pour s’exprimer, vaincre ses appréhensions et apporter sa vérité. Et si la marionnette grâce au designer graphique permettait de faire acquérir des compétences multiples et la conscience de son corps ? Peut-on imaginer que la marionnette affinerait, pour l’adolescent, sa perception du monde, à un âge où tout semble confus ? Tout comme le grand marionnettiste, le designer graphique dissuade de chercher une quelconque réalité première et oriente le regardeur, vers une représentation. Ainsi, le graphiste pense le relationnel humain et propose de nouvelles manières d’imaginer notre futur. L’objet du travail du designer serait ici la convergence de l’adolescent et de la marionnette via le design graphique.
Méthodologie
À l’origine de ma recherche, j’ai pu constater un désintérêt pour les représentations par les adolescents, plus précisément les lycéens. La pratique de l’art marionnettique est un art qui permet d’être un autre sans être un autre. Et aujourd’hui, les adolescents subissent une crise identitaire plus forte que jamais. Dans cette situation le design est possible et souhaitable puisqu’il permet de maintenir et améliorer l’habitabilité du monde. Étant originaire de Charleville-Mézières, capitale mondiale de la marionnette, je suis particulièrement sensible à cet art et convaincue du bien fondé de celui-ci. J’ai toujours été émerveillée par ses poupées mystérieuses qui amènent à une expérience étonnante et implique le corps d’une façon particulière. La marionnette à le pouvoir de dire ce que l’être humain ne dit pas ou ne dit plus : « c’est un corps idée ». Je me suis donc posée la question suivante : Et si la marionnette permettait d’acquérir des compétences multiples, la conscience du corps et de son potentiel pour l’adolescent à un âge où tout semble confus ? Par le biais de ce travail de recherche, je suis en train de devenir un designer qui reste donc proche d’une certaine partie de la population. Je me pose ici en médiateur, qui régénère son écriture en me confrontant à des milieux qui ne sont pas à priori générateur de qualité graphique. Cette question de design a permis d’enclencher chez moi plusieurs expériences. Celle d’aller au contact de gens qui n’ont pas d’expérience graphique, de regarder avec plus d’acuité possible la façon dont ils produisent et surtout de me demander comment est-ce que je peux apporter par petite touche l’art marionnettique à des endroits où à priori il n’ira jamais, car c’est un art dit “confidentiel”. De cette démarche de recherche a découlé mon macro-projet qui permet aux adolescents de venir participer à un événement marionnettique pour y construire leur marionnette et découvrir cet univers dans le but de devenir autre. Mon rôle de designer graphique est d’encourager en créant des outils graphique la création marionnette par adolescent, l’accompagner dans cette démarche et amener à une production d’un spectacle pour médiatiser certaines choses lors d’un événement. Le but était de servir une cible qui n’est pas la principale intéressée dans l’art marionnettique. Je m’occupe ici de donner la parole à ceux qui sont une cible dans la société de marketing, mais dont on n’écoute pas forcément ce qu’ils ont à dire. La définition d’un monde soutenable c’est un monde où on donne la parole à tout le monde où il y a une sorte d’équité, où on n’éradique pas un point de vue, où on laisse la marginalité s’exprimer. A l’adolescence il y a une oscillation entre un désir de conformisme et un désir d’être très différent. Et parfois, ceux qui sont très différents souffrent. Je souhaitais donc proposer un projet qui libère la parole, qui laisse un champ d’expression à tous.