LAUDOUX Margot
Paris 1 – Panthéon Sorbonne
Paris
2021
Abstract
La migration est un sujet d’actualité que personne ne peut ignorer. Pourtant, on n’entend que très peu la voix et l’avis des réfugiés et demandeurs d’asile dans les discours médiatiques et politiques. Leur voix est ainsi, le plus souvent, portée par un tiers, qu’il soit artiste, journaliste, membre d’un ONG, élu politique. De plus, le lien entre les différents co-habitants d’un territoire, personnes de passage, personnes exilées, habitants de longue date etc, n’est jamais ni évident ni immédiat. Il s’agira alors, en s’appuyant sur le territoire ambertois, de réfléchir à et de designer un processus créatif et collaboratif autour de la cartographie sensible et narrative. La cartographie semble alors, également, être un moyen de compléter voire de se substituer au recueil de récit de vie, utilisé dans le cadre de la demande d’asile et pouvant être considéré comme assujettissant. Cette volonté de créer un espace d’expression hospitalier et créatif entre l’ensemble des cohabitants d’un quartier permet également d’interroger la place du designer en tant que animateur-médiateur d’ateliers mais également d’interroger le design en tant que discipline scientifique capable de produire une nouvelle forme de connaissances à partir de l’espace-vécu des participants. Les « lignes d’erre » alors réunies sur une inter-carte peuvent ainsi devenir des outils de médiation, des initiateurs de dialogue et de réflexion, des vecteurs de revendication, mais surtout une représentation du vivre-ensemble et de l’agir-ensemble sur un territoire donné.
Méthodologie
Ma recherche a pour point de départ un sentiment de frustration voire de colère suivi de diverses intuitions : un migrant est très souvent réduit à un numéro, des chiffres, une statistique, un flux migratoire, une simple flèche sur une carte du monde. Pourtant, ces moments de vies méritent d’être narrés, retranscrits et médiatisés dans toutes leurs complexités et leurs individualités. Mais par quels moyens ? Par quels outils ? Si raconter constituerait probablement le moyen le plus ordinaire et le plus universel pour mettre en forme son expérience, la rendant par là même intelligible à soi-même et à autrui : pour les migrants, raconter ne s’arrête pas ou plus à la parole. Un migrant, tout juste arrivé sur le sol français, se trouvera dans l’impossibilité de raconter son histoire. Outre le fait que souvent, aucune oreille n’est tendue pour l’écouter, la parole et le langage semblent insuffisants. La cartographie sensible et plus précisément la cartographie participative s’est alors imposée à moi. Pour étudier son efficacité ou non, ses points forts et ses points faibles, j’ai travaillé avec une association Ambertoise s’occupant des CADA du territoire. Alors, ensemble, on a monté différents ateliers avec les habitants du CADA, les services civiques de l’association et des habitants du territoire.